SENS 447-Mars-Avril 2023

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 Du Grand Rabbin Haïm Korsia au Pape François : de forts soutiens à l’AJCF

Les deux premières parties de ce numéro rendent compte de l’activité de l’association au cours du dernier trimestre de 2022

 Le 21 novembre dernier, dans la grande salle de l’Institut de France, l’Association remettait au Grand Rabbin Haïm Korsia son prix annuel : ce prix, créé en 1988 par Monsieur Hubert Heilbronn, a pour objet de rendre hommage à celles et ceux qui se sont impliqués dans le dialogue entre juifs et chrétiens. Et c’est au Grand Rabbin de France que ce prix a été décerné en 2022. Xavier Darcos, chancelier de l’Institut, a ouvert la séance devant une nombreuse assistance où, outre un certain nombre de collègues du Grand Rabbin — puisque celui-ci est lui-même membre de l’Institut —, on remarquait les représentants des différentes confessions et des responsables parisiens et provinciaux de l’association. Après lui, le Président Jean-Dominique Durand a fait l’éloge du récipiendaire, pour expliquer le choix du jury du prix, insistant sur le fait que celui-ci a voulu honorer « une grande figure du judaïsme engagée, à la suite de Jules Isaac et de Jacob Kaplan, dans tous les combats contre la haine et pour l’amitié ». Il restait au Grand Rabbin Haïm Korsia, avec l’humour qu’on lui connaît, de clore la manifestation en remerciant les personnalités présentes et en évoquant, à partir de diverses rencontres et expériences, le sens et les raisons de son engagement.

 Moins d’un mois plus tard, les 12 et 13 décembre, une délégation de l’AJCF — une soixantaine de membres de l’association — était à Rome, d’abord pour être reçue par le pape François, le 12 décembre au matin. Il s’agissait, par cette rencontre, d’ouvrir l’année Jules Isaac qui, en 2023, doit commémorer les 75 ans de la fondation de l’association et de la parution de Jésus et Israël, et faire mémoire de Jules Isaac disparu il y a 60 ans, le 5 septembre 1963. On trouvera, dans cette partie du numéro, le récit, par Joël Thierry, de ce voyage « sur les pas de Jules Isaac », suivi du Discours du président Durand et de la réponse du pape François. Ce restitution de l’audience accordée par le pape est ici complétée d’une part par le texte des trois prises de parole — Mireille Hadas-Lebel, Anne Marie Reijnen et Thierry Colombié — lors de la réception à l’Ambassade de France près le Saint-Siège, et par un dossier, rédigé par Jean-Dominique Durand, sur le déroulé du séjour et les personnes que la délégation devait rencontrer.

 Le numéro propose ensuite d’abord deux études pour approfondir la spécificité de la relation entre juifs et chrétiens. La première, de Jacqueline Cuche, « La vigile pascale et ses sources juives », aborde la question de l’enracinement de la liturgie de la vigile pascale catholique dans le cadre de la fête juive de Pessah. Elle le montre d’abord en analysant « le déroulement de la vigile pascale » qui traduit, par les textes choisis et les rites élaborés, le sens principal de la Pâque juive, fête de la libération de l’esclavage ; puis en s’arrêtant sur le choix de « la nuit de veille », directement lié au fait que, selon les évangiles, le Christ est ressuscité durant la nuit, mais aussi à l’Ancien Testament qui fait de la nuit un moment privilégié au cours duquel Dieu se manifeste.

 La seconde étude, de Marie-Christine Émine, « L’Église catholique et la “question juive” en France à la veille de la Deuxième Guerre mondiale », rappelle que la théologie de la substitution, alors omniprésente, s’accompagnait d’un devoir de protection des juifs par l’Église. Aussi, si on note la persistance, entre les deux guerres, d’un antisémitisme au sein de l’Église catholique, on constate plusieurs évolutions qui font reculer cet antisémitisme et rendent possible l’affirmation d’un courant « philosémite » qui cherche à combattre la vision traditionnellement négative qu’on a pu avoir des juifs et de leur rôle dans la société et ouvre à une réévaluation qui conduira aux avancées d’après-guerre.

 La dernière partie du numéro regroupe, sous la rubrique « magazine », trois courts textes sur Jules Isaac, sur Benoît XVI récemment décédé, et sur le prochain Congrès de l’ICCJ qui aura lieu à Boston du 18 au 21 juin ; et sous la rubrique « livres », la recension du dernier ouvrage (posthume) du Père Michel de Goedt, La Bible, livre ouvert, livre scellé ?, recueil d’un certain nombre de ses articles centrés essentiellement sur l’unité des deux Testaments.

Sommaire
En chemin avec Jules Isaac (J.-D. Durand) 

Cérémonie de remise du Prix AJCF 2022 au Grand Rabbin Haïm Korsia
Institut de France, 21 novembre 2022
Une belle rencontre (S. Dassa, B. Charmet) 
Allocution (Chancelier X. Darcos) 
Discours (J.-D. Durand) 
Réponse (Grand Rabbin H. Korsia) 
Orientations bibliographiques (B. Charmet) 

Une délégation de l’AJCF à Rome reçue en audience privée par le Saint-Père
Sur les pas de Jules Isaac. Récit du voyage à Rome (J. Thierry) 
Audience privée au Vatican
Discours au Saint-Père, Pape François (J.-D. Durand) 
Salut du Saint-Père aux membres de l’AJCF 
Réception à l’Ambassade de France près le Saint-Siège (M. Hadas-Lebel, A.M. Reijnen, T. Colombié) 
Documents d’accompagnement (J.-D. Durand) 

La vigile pascale et ses sources juives (J. Cuche) 
L’Église catholique et la « question juive » en France à la veille de la Deuxième Guerre mondiale (M.-C. Émine) 

Qui est Jules Isaac pour moi ? (P. Clicquot de Mentque)
Le pape Benoît XVI et le judaïsme (J.-D. Durand)
Joseph Ratzinger/Benoît XVI au fil des numéros de Sens (B. C.)
Négocier des identités multiples. Implications pour les relations interreligieuses (ICCJ)

Les Livres
La Bible, livre ouvert, livre scellé ? Études bibliques, par le père Michel de Goedt (B. Charmet) (B. Charmet)(B. Charmet)(B. Charmet)(B. Charmet)(B. Charmet) (B. Charmet)(B. Charmet)