Le pardon, un pari pour l’avenir
Ce numéro s’ouvre sur deux petits articles à la mémoire du Grand Rabbin René-Samuel Sirat, décédé le 10 février dernier. Un numéro de Sens lui sera prochainement consacré.
La plus grande partie du présent numéro propose les cinq conférences d’un cycle organisé par le groupe d’Amitié Judéo-Chrétienne de Colmar pendant l’année universitaire 2021-2022 sur le thème du « Pardon », un thème « qui peut sembler inactuel, en dehors de l’esprit du temps », mais qui, à l’expérience, se révèle complexe, ne se limitant pas « à la sphère individuelle, morale ou religieuse » mais comporte aussi une « portée collective, sociale ou peut-être politique » trop souvent ignorée.
Catherine Chalier ouvre ce cycle, en s’interrogeant sur ce qu’on appelle « le pardon », individuel ou collectif, sur les conditions essentielles qui doivent le rendre possible et sur les objectifs qu’il permet d’atteindre. Les trois conférences suivantes proposent d’analyser la démarche nécessaire du pardon dans trois contextes différents : Mgr d’Ornellas dans le mouvement de repentance envers les juifs, qu’il définit comme « une exigence de vérité et d’estime » ; Benoît Guillou qui pose la question de savoir, dans le contexte d’une « enquête au Rwanda » si, « après un génocide, il est possible d’envisager la question du pardon ? » et le Père Guilhem Causse, qui, après une présentation du « texte de référence concernant la question du pardon pour les catholiques : le chapitre 18 de l’Évangile selon Matthieu » et une interrogation « sur le sacrement du pardon tel qu’il peut être compris et pratiqué » aujourd’hui, propose quelques réflexions, en particulier dans le cadre de la lutte actuelle contre les abus sexuels dans l’Église, pour élargir son propos. La cinquième conférence, demandée à Bettina Schaller, pasteure à Colmar de 1992 à 2002, présente le pardon, qui est au cœur du ministère pastoral et qu’elle qualifie de « traversée » et d’« aventure », « comme une voie réellement transformante », en insistant sur « l’apport de la liturgie ». Enfin Joëlle Hansel, spécialiste de Vladimir Jankélévitch, analyse, à travers les livres de ce dernier, sa position face à la question de la prescription des crimes contre l’humanité à laquelle il était résolument opposé.
Pour compléter cet ensemble, particulièrement riche, on a seulement ajouté, sous la rubrique « Magazine », le témoignage de Joël Thierry, président du groupe Jules Isaac de Rennes, en réponse à la question : « Qui est Jules Isaac pour moi ? » ; et, sous la rubrique « Livres », une seule recension : celle signée Bruno Charmet du dernier livre de Catherine Chalier sur le Rabbin Tsaddoq haCohen de Lublin (éditions Arfyen, 2022).
Sommaire
Que la mémoire du Grand Rabbin René-Samuel Sirat soit source de bénédiction (J-D. Durand)
Le Grand Rabbin Sirat, artisan de réconciliation (B. Charmet)
Cycle de conférences sur « le Pardon », Groupe d’AJC de Colmar, 2021-2022
Introduction au cycle sur “le Pardon” (N. Lefèvre, Cl. Mouchet, J.-M. Steinmetz)
L’œuvre du pardon (C. Chalier) La repentance envers les juifs : une exigence de vérité et d’estime (Mgr P. d’Ornellas)
La revanche du pardon : une enquête au Rwanda (B. Guillou)
Le pardon dans l’Église catholique et la lutte contre les abus sexuels à l’encontre des enfants (Père G. Causse)
Le pardon, une traversée (Pasteure B. Schaller)
Vladimir Jankélévitch : le pardon, l’impardonnable, l’imprescriptible (J. Hansel)
Qui est Jules Isaac pour moi ? (J. Thierry)
Les Livres
Rabbi Tsaddoq haCohen de Lublin (1823-1900). La clarté hassidique, par Catherine Chalier (B. Charmet)